Jean-Marie Collombon et Henri Rouillé d’Orfeuil, deux coopérants, constatent l’inadaptation des modèles promus dans le cadre de la coopération française aux réalités de terrain. Ils créent l’association "Groupe de recherche sur les techniques rurales appropriées au développement", conçu comme un réseau de partage d’information et de promotion des technologies appropriées. Le Gret est un incitateur : il anime un réseau d’opérateurs, de chercheurs et d’étudiants, rassemble les informations et les met à disposition des praticiens et des coopérants.
Après des années de gestation, le Gret change de nom et de statuts pour travailler sur son thème de prédilection : l’appropriation des technologies aux besoins et par les acteurs. Le centre de documentation met à disposition des coopérants, des livres, thèses, comptes rendus, dépliants, films et diapositives, services de questions-réponses, fiches techniques. Le Gret joue un rôle de bureaux d’études, de centre de formation et d’assistance technique, pour élargir l’éventail des choix technologiques possibles dans les pratiques du développement en France et à l’étranger.
En 1982, une nouvelle loi d’orientation française redéfinit les missions des instituts de recherche. Le rôle du Gret, dont la mission est de valoriser les résultats de ses expertises et l’information scientifique sur les technologies appropriées, est alors reconnu dans le cadre de la politique de recherche en coopération. En 1983, le Gret signe une convention avec le Ministère de la recherche qui prévoit notamment le détachement de postes de chercheurs détachés du Gerdat, qui deviendra plus tard le Cirad.
1984 marque les débuts de la coopération décentralisée. Sous l’impulsion du Ministère de la Coopération, les ONG et les collectivités locales sont associées à des projets de développement sectoriels. Le Gret participe à la naissance du Programme solidarité-eau, présidé par Stéphane Hessel, puis au programme Solidarité-habitat en 1988. D’autres réseaux se mettent en place : Enseignement technique et développement industriel (ETDI), Technologie et partenariat en agroalimentaire (TPA). Petit à petit, le Gret diffuse la connaissance sur les technologies appropriées à tous les échelons de la coopération.
Jusqu’alors positionné sur l’expertise et l’appui technique, le Gret ajoute une nouvelle corde à son arc et ancre ses activités dans la recherche-action par le montage et la maîtrise d’œuvre de projets de terrain. Dès la fin des années 1970 avaient été initiées des actions comme la création d’un séchage solaire au service des maraîchères de Koumbidia (Sénégal) ou la recherche de solutions alternatives pour le logement telle une école résistante aux cyclones sur l’île de la Dominique. Les projets de développement alimenteront désormais les projets de communication du Gret. Le début d’un modèle associant terrain, capitalisation et expertise.
Face à la forte croissance de la population et à l’augmentation des populations marginalisées en zone urbaine, le Gret qui a travaillé dès le début sur des questions d’habitat, élargit ses activités à l’amélioration de la situation économique, des services urbains et de l’habitat dans les villes du Sud. Il apporte ses méthodes d’animation de quartiers pour favoriser l’organisation des populations et la prise en charge de problèmes urbains : assainissement, habitat, agriculture en ville, promotion de la petite entreprise. Le début d’une série d’actions au Brésil, au Cameroun, à Madagascar, au Mali et plus tard en Haïti.
Dans les années 1990, le Gret adopte pour principe d’action la "coopération de la présence", qu’il inscrira par la suite dans sa charte d’engagement. Il décide une présence et une action continues, sur le terrain, à partir d’une connaissance concrète des populations et de leurs aspirations. En 1994, le Gret crée sa première représentation permanente dans un de ses pays d’intervention, en Haïti, grâce à la volonté et au travail des équipes nationales qui partageaient les mêmes valeurs et les mêmes idéaux.
Le Gret rejoint le monde associatif de la solidarité internationale et s’affirme résolument en tant qu’ONG. Pour défendre au sein de la famille associative les particularités des bureaux d’étude associatifs, il fonde avec six autres associations professionnelles le collectif Groupe initiatives, et rejoint à ce titre Coordination Sud qui rassemble l’ensemble des organisations françaises de solidarité internationale et le CFSI, Comité français pour la solidarité internationale. Il adhère ensuite au F3E qui promeut la culture de l'évaluation, encourage les échanges et optimise la qualité de l'action des acteurs de la solidarité internationale.
Après 10 ans de projets de microfinance au Cambodge, le Gret a le souci d’assurer la pérennité des actions menées. En 2000, il crée une institution de microfinance (IMF) de droit cambodgien pour continuer son développement. En 1999, le Gret cherche des investisseurs éthiques, pour qui la rentabilité économique n’est pas le critère unique. Certains partenaires faisant de l’investissement du Gret une condition pour rejoindre Amret, le Gret devient actionnaire, pour la première fois de son histoire, aux côtés de la Sidi. 15 ans plus tard, il se désengage d’Amret, devenue l’une des principales IMF du Cambodge.
Dès les années 1990, la lutte contre la pauvreté redevient une question d’actualité, jusqu’à la création des OMD par les Nations unies en 2000. Le Gret participe à l’initiative de l’IRD sur les conséquences sociales de l’ajustement structurel qui donnera naissance au réseau Impact, dont le secrétariat est accueilli au sein du Gret. La lutte contre la pauvreté et les inégalités devient une problématique majeure y compris pour le Gret en mettant la technique au service des exclus, oubliés de la croissance, pour leur donner accès aux moyens de production et aux circuits d’échanges économiques.
Lieu d’analyses et d'élaboration de réponses face à la mondialisation des économies agricoles et alimentaires, Solagral est une association née en 1980 rassemblant militants et chercheurs dont Laurence Tubiana ou Yannick Jadot. A sa dissolution, certains membres de Solagral comme Bénédicte Hermelin, qui deviendra directrice générale du Gret en 2007, rejoignent le Gret en 2003 et lui apportent de nouvelles compétences : agir en réseau à la charnière scientifique-politique, renforcer la capacité de négociation des acteurs habituellement exclus, élaborer des propositions d'évolution des politiques publiques.
Après des années de présence dans les pays en développement, le Gret ouvre sa gouvernance aux salariés nationaux de ses pays d’intervention, qui deviennent membres de l’association et ainsi parties prenantes des prises de décisions. Le Gret s’internationalise et forme un pont essentiel entre des peuples, des cultures, des histoires, des réalités quotidiennes différentes. Ses membres sont aujourd’hui de 12 nationalités différentes.
Convaincu que l’innovation technique, sociale et environnementale est clé pour trouver des solutions viables pour le développement solidaire, le Gret crée le Fonds de dotation sur l’innovation pour le développement, Find. Le Gret le dote d’un million d’euros et construit des partenariats Find-entreprises. Ce fonds soutient plusieurs innovations majeures du Gret, telles que la création de l’entreprise sociale Nutri’zaza à Madagascar, ou le transfert de 20 ans de projets de protection sociale santé à l’Etat Cambodgien (Sky et Hip).
Initiée par Pascal Canfin, alors Ministre français chargé du Développement, les Assises du développement et de la solidarité internationale ont rassemblé des acteurs de toutes natures pour participer au chantier de rénovation de la politique française de développement. Le Gret a grandement contribué à cette concertation, directement ou avec le Groupe initiatives et Coordination SUD, notamment sur les questions d’innovation pour le développement. De cette concertation est née la première loi française sur la politique de développement en 2013, réclamée de longue date par les ONG.
Après 14 années de lutte contre la malnutrition à Madagascar, le Gret souhaite pérenniser et développer les actions entreprises. Afin de concilier rentabilité économique et objectif social, il crée pour la première fois une entreprise sociale à Madagascar, Nutri’zaza. Indépendante et de droit malgache, l’entreprise va développer le réseau des restaurants pour bébés. Le Gret se positionne en actionnaire et assistant technique à la nouvelle structure. Aujourd’hui, Nutri’zaza sert des repas adaptés à plus de 193 000 enfants en bas âge.
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